C'est à 7h30 que nous nous élançons à Schruns pour les 130km de course. Un parcours constitué de 3 boucles qui sillonne la région de Montafon et nous mène au Silvetta Pass, point culminant à 2032m d'altitude.
J'en suis à ma 4e participation, et je sais à quoi m'attendre. La route va être longue. Mais il fait beau, et les orages ne sont pas attendus avant le soir. Le terrain est un peu mouillé de la veille, mais devrait avoir le temps de sécher en partie sous le soleil.
Nous partons calmement à travers le village. La route est goudronnée sur les 10 premiers kilomètres, faux plat montant. Le rythme s'accélère assez rapidement. Pour la première fois depuis 4 ans, j'arrive à rester avec le groupe de tête. Arrivés au fond de la vallée, la route devient chemin et le faux-plat prend une tournure de "carrément montant". Les trous se font rapidement.
Dans ma tête, je suis partie pour gagner. Sans complex :-) Après des mois d'entraînements bien menés, quelques belles longues sorties ces dernières semaines, et un peu de repos ces derniers jours, je suis en forme. Mieux qu'en 2016. Pas impossible donc que j'arrive à battre Sabine Sommer qui avait terminé 10 minutes devant moi l'an dernier. Je suis confiante.
Nous sommes 3 filles à l'avant. Sabine, comme prévu, et une autre que je ne connais pas mais qui porte le maillot national autrichien. Pas de nom sur le dossard, elle s'est donc inscite à la dernière minute. Pas vraiment bon signe. Dès que la route s'élève, cette belle inconnue s'en va. Je m'accoche sur 20 mètres, avant de devoir la laisser filer dar dar. Flûte :-( Ca va être compliqué. Mais il reste du chemin, peut-être la reverrai-je un jour.
Je fais donc ma course au mieux. Je prends assez vite une jolie avance sur Sabine et couvre le premier tiers du parcours à très bonne allure. La deuxième vraie bosse commence après 2h30 de course. Je suis dans un bon chrono pour terminer en dessous des 7h et même si les jambes commencent à pique, je roule bien avec quelques hommes. Pas d'Autrichienne devant, et pas de Sabine derrière. Je continue à avance le plus vite possible.
Nous terminons la deuxième boucle du tracé après 3h30 de course. Nous sommes à mi-course. Il s'agit d'une portion assez roulante, en faux-plat montant pendant 20 kilomètres, sur des routes et chemins divers. Les gars avec qui j'étais sont partis devant où ont câlés. Je me retrouve un peu seule dans la campagne, même si j'en rattrappe un ou l'autre le long du chemin.
4h30 de course. Nous attaquons la dernière difficulté du jour. Une longue montée qui nous mène au Silvretta Pass. La route est goudronnée mais très raide. La première moitié nous mène au pied d'un barrage. La seconde au sommet de ce même ouvrage. Un serpentin de virages. Pour le moral, je les ai compté avant de partir. Lorsque j'aurai tournée 11 fois à gauche, je serai au sommet ... ce qui arrive finalement un jour :-) Après une courte descente, il ne reste alors qu'une trentaine de minutes de bosses. Nous sommes au dessus de la forêt. La vue est bien dégagée. Toujours pas signe d'Autriche qui câle devant, et pas de Sabine derrière. Je peux attaquer la descente détendue. La première partie est assez mouvementée, dans la caillasse, mais comme c'est droit en bas, pas besoin de trop réfléchir. Il faut juste tenir le guidon très fort. Restent finalement les 20 derniers kilomètres au fond de la même vallée par laquelle nous sommes montés. Mais le parcours va au plus court. Presque que de la route goudronnée. Je suis seule au début, donc pas très efficace avec mes 50 kilos. A mi-parcours, je me fais doubler par une perche hollandaise. Il avance comme un avion. Il me passe à toute vitesse, mais j'arrive par chance à me câler dans sa roue. Avec l'aspiration, le dernier quart d'heure se transforme en une promenade de santé. Un dernier petit bout de chemin le long de la rivière et nous voilà retourné à notre point d'arrivée, après 130km, 4000m d'ascension et à peine plus de 7h d'effort. Comme attendu, je termine 2e. J'ai une jolie avance sur Sabine, et plus de 25 minutes des retard sur Angelika Tazreiter. Aucun regret, c'était mission impossible.
Je termine donc une nouvelle fois deuxième d'un coupe du monde. Je ne désespère pas. Même si ces dames semblent avoir monté un tournus pour qu'il y en ai toujours une pour me battre, j'arriverai bien à gagner une fois :-) La belle satisfaction du jour, c'est que j'ai amélioré mon temps de 7 minutes alors que la grande majorité des participants ont fait plus long que l'an passé. Ca confirme, la forme est là :-)
